Le roadster de caractère Triumph 1200 Speed Triple RS plonge dans univers des deux-roues typiquement anglais. L’édition 2021 fait la promesse de perpétuer un mythe qui a commencé à Hickley, il y a pratiquement 30 ans. Avec son intriguant cadre treillis et son puissant 3 cylindre, cette moto risque de plaire au premier regard. Faites-vous une idée de ce streetfighter à travers ce dossier.
Plus de puissance pour Triumph 1200 Triple RS, mais pas seulement
Ceux qui connaissent la version 2005 de ce roadster pourront se dire qu’il s’agit du même modèle. C’est en partie vrai. Le constructeur a peu touché au design du Triumph 1200 Speed Triple RS. Les concepteurs gardent le mono-bras et le cadre tubulaire. Ils se sont davantage concentrés sur le moteur en ajoutant 30 chevaux à la puissance. La moto passe à 1160 cm3 soit 110 cm3 de plus que la précédente édition, mais développe désormais 180 bourrins.
Ce streetfighter anglais a beau avoir un pedigree de gladiateur, mais reste très facile à prendre en main. Il ne fait pas beaucoup de décibels pour une grosse cylindrée. Par contre, le pilote ressent tout de suite que cette bécane a un couple à arracher un arbre. La cartographie du moteur est aussi revue. Puis, la nouvelle mouture aligne plus de technologies embarquées qu’auparavant, dont une commande centrale inertielle à multiples canaux et 5 modes de conduite.
L’héritière d’un roadster de légende est lâchée dans l’arène
Pour comprendre la philosophie de la Triumph Speed Triple 1200 RS, il faut revenir sur les faits marquants de son histoire.
- 1993 : la gamme Speed est née dans les ateliers de Hickley en Grande-Bretagne. Le roadster de 885 cm3 hérite tout de la sportive Daytona, sauf qu’il enlève le carénage et opte pour son propre phare.
- 1997 : La moto s’affirme davantage avec deux feux globuleux qui imposent le respect à ses concurrentes. Il adopte le monobras typique du modèle pour être un rebelle tout en muscle.
- 2005 : Les choses deviennent sérieuses avec deux échappements directement sous la selle. Le véhicule est plus compact en dépit de ses 1050 cm3 de cylindrée développant 150 chevaux.
- 2021 : La marque mise sur la puissance, mais elle investit également sur les meilleures technologies embarquées du moment en matière de deux-roues. Le streetfigher gagne en puissance, mais perd 7 kg.
Un nouveau streetfighter dans la cour des grands
Avec 110 cm3 de plus que le précédent modèle, la Speed Triple quitte la catégorie des 1000CC qui comprend Honda CB 1000 et autre Kawasaki 900. Elle va désormais se confronter avec des adversaires à sa taille, en l’occurrence les BMW 1100 V4 et la KTM Superduke 1290 R. Le compartiment moteur semble être le même, mais les ingénieurs anglais ont revu l’alésage. Les 3 cylindres ont un 90 mm de diamètre contre 79 mm en 2005. La course du piston est réduite pour donner davantage de pêche à ce bloc.
Résultat : la Trimph 1200 développe 180 chevaux sans forcer dans les tours. Le pilote peut ménager la manette de gaz électronique et obtenir immédiatement de la poussée. Avec un régime maximal estimé à 11 150 tr et 12 % d’inertie en moins, cette moto est un missile sol-sol. De plus, le constructeur a revu le design pour rendre la moto plus compacte et agile en dépit de son apparence de mastodonte. Le guidon est élargi de 13 mm pour mieux dompter cette bête de course.
Une fauve prête à bondir à chaque coup de gaz
Les puristes vont ne vont pas aimer la Triumph Triple Speed 1200. Ils vont a-d-o-r-e-r l’effort porté sur la motorisation. L’allumage devient plus agressif. L’admission (48 mm) est revue pour donner plus de souffle à la moto. Un nouveau pot d’échappement fait aussi son entrée pour plus de virilité. Le passage de rapport reste fluide avec un embrayage sans disque équipé d’anti-glissement. Ce qui facilite le contrôle de la boîte de vitesses à 6 paliers. Le shifter Up & Down est de série pour plaire aux fans.
La marque tient à rappeler que la Triumph 1200 est la descendante d’une championne des pistes. Cette nouvelle Speed a gardé la compétitivité de son aïeule, la Daytona. Elle a hérité de son côté fauve prêt à attaquer avec sa fourche inversée Öhlins NIX 30 de 43 mm orange et ses étriers Brembo. Le moteur est beaucoup plus visible comme pour mettre en garde les adversaires potentiels. Quelques éléments en carbone confirment ses ambitions de rouler sur circuit, voire de gagner des courses du type Tourist Trophy.
Puissante, sauvage, mais surtout sexy à sa manière
Les feux de cette Triumph 1200 sont arrachés à la Street Triple 765. Cet emprunt lui donne un regard bien agressif. La nouvelle signature lumineuse à LED confirme ses tempéraments de streetfigher débridé certes, mais agréable à voir. Le sabot moteur revisité et un réservoir plus imposant qu’auparavant lui confère un aspect indomptable comme les Three Lions. La tentative d’épuration des lignes est plutôt réussie pour cette Triple Speed 2021. Dans la foulée, la boîte à air devient discrète, mais le refroidissement offre plus d’efficacité.
Le pot d’échappement est réduit à un silencieux devant la roue arrière. Ce qui permet d’apprécier davantage la poupe de la Triumph. Les designers attirent l’attention, sur une jante en alliage à branches dédoublées. Ces petits changements ont un avantage de taille : la baisse du centre de gravité. Cette moto a été travaillée pour faire des genoux à terre « crème » dans les virages d’une route de campagne. Puis, les coloris ternes oscillant du gris au noir rappellent la modestie typiquement anglaise. Seule exception, la fourche orange apporte la touche sexy !
Belle mécanique, cadre costaud, excellente suspension et freinage au point
Avant d’enfourcher la selle (830 mm) de cette moto, il faut prendre le temps d’admirer son châssis rigide à l’ancienne. Le cadre en treillis tubulaire périmétrique allégé de 17 % rappelle que cette monture demande un peu de poigne. L’amortisseur central a aussi fait l’objet d’une révision. Il adopte une nouvelle position pour toucher le bras oscillant au meilleur point d’ancrage. Cette géométrie rend la suspension performante sur circuit que dans la circulation urbaine.
Les nouveaux tés emprisonnent délicatement les fourches télescopiques orange Öhlins. Le constructeur invite à régler la suspension selon l’humeur du motard. Précharge, compression et détente ; chaque détail peut être contrôlé. Comme pour les roadsters surpuissants, le freinage est confié à Brembo et les étriers à pistons Stylema. Offrant plus de mordant, le système basé sur un disque de 320 mm remplace l’ancien M4.34 qui arrivait déjà à stopper net une 1050 cm3 pleine de fouges. Pour ce qui est des roues, les pneus Metzeler Racetec RR sont en première monte, mais des Pirelli Supercorsa SC2 sont disponibles en option pour brûler la gomme sur circuit.
Une pléthore de technologies embarquées pour la sécurité du rider
La Triumph Speed Triple 1200 RS tient son courant d’une nouvelle batterie lithium-ion. Allégée de 2,3 kg, cette dernière assure l’allumage, mais également tout le volet électronique.
- Le démarrage sans clé permet de déverrouiller la moto ou la bloquer.
- L’ancien régulateur de vitesse est reconduit.
- Les commandes aux poignées ont des rétroéclairages avec lueur ambrée.
- Un phare arrière fait son entrée.
- Les clignotants ont aussi l’extinction automatique.
- La centrale inertielle à 6 axes offre plus de stabilité à vive allure.
- L’anti wheeling pour la roue avant est revu pour les départs en trombe.
- Pouvant être désactivé, le contrôle de traction est paramétré Pluie, Route, Sport ou Track.
- Le freinage assisté entame un nouvel épisode avec un ABS MIB-EVO-ABS réglable selon la nature de la piste.
5 modes de conduite pour cette moto polyvalente
Comme avant, les 5 Modes de conduite reviennent sur la 1200 RS Speed Triple. Affichés sur l’écran TFT 5 pouces à interface simplifiée, ce sont des réglages ajustables selon les sensibilités du pilote. Il devrait aussi tenir compte de la nature de la piste.
- Rain : c’est l’option pour rouler sur bitume mouillé à moins de 100 chevaux. Les Anglais se connaissent en pluie, alors il faut leur accorder la confiance.
- Road : idéale pour tailler la route, cette configuration permet de garder la consommation dans une fourchette raisonnable.
- Sport : le mode des bikers endurcis convient pour attaquer des virages à vive allure. La centrale inertielle est fortement sollicitée dans cette pratique.
- Track : c’est un réglage pour les essais de la moto. Les assistances vont rester discrètes pour permettre au pilote de faire ample connaissance avec sa monture.
- Rider : il s’agit de l’ajustement personnel. Le motard calibre l’intervention des équipements électroniques.
La fougue d’un hooligan sur deux-roues
Cette Speed Triple 1200 RS dispose de l’application My Triumph Connectivity pour être en phase avec son temps. Ce qui permet d’afficher les appels, lancer de la musique ou gérer une caméra GoPro. Ce sont les points qui font de cette moto un modèle moderne et civilisé. Pour le reste, il garde son côté minimaliste. Il faut payer pour avoir un dépôt Arrow. Les concepteurs ont probablement hésité pour mettre le garde-boue avant en série histoire d’alléger la 1200.
En ce qui concerne la selle, le véhicule propose un capot escamotable pour accueillir une passagère de temps à autre. Les motos Triumph sont surnommées les hooligans de la route à cause de ce genre de détail. Quoi qu’il en soit, cette Triumph 1200 Triple RS et ses 180 chevaux affichent un excellent rapport poids-puissance avec ses 198 kilos à la pesée. C’est le ratio d’un hypersport, notamment celui de la légendaire RSV4 1000 factory. La gamme Speed est désormais une référence pour les vrais passionnés de deux-roues.
Bilan rapide de la Triumph 1200 Speed Triple RS
Les + :
- Pour les points positifs, la Triumph Speed Triple 1200 RS (bonne nomenclature) répond à une envie d’avoir une moto plus puissante. Son phénoménal couple et son look de baroudeur font des heureux parmi les incorrigibles bikers.
- Toujours dans la liste des avantages, cette bécane est particulièrement solide. Son châssis, la partie cycle et les organes de suspension et de freinage sont au top.
- Le rapport poids-puissance fait de ce streetfighter un redoutable adversaire pour BMW, Ducatti et quelques constructeurs japonais.
Les – :
- La marque reste discrète sur la consommation réelle.
- Des zones d’ombre sont encore à élucider sur vitesse de pointe.
- Le prix de 17 500 € rend cette moto inaccessible. Pour quelques milliers d’euros en moins, un motard s’offre une BMW S1000 Full Option, une Kawasaki Z900 ou une Suzuki Katana de même cylindrée.